LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 14.07.2014 à 16h03 • Mis à jour le 15.07.2014 à 07h26 |
Par Viviane Thivent (La Réunion).
Un, deux. A trois, une petite blonde et un grand brun, tous deux la vingtaine et le tee-shirt bleu, soulèvent le corps de Solange, 54 kilos. En douceur, ils la posent contre le boudin d’un Zodiac bleu, la stabilisent. Puis la balancent par-dessus bord. Sans regret. De Solange ne reste plus qu’un petit bouillon blanc. Puis plus rien. Que le bleu de l’océan Indien et, au loin, l’île de la Réunion.
« Là ! » Entre les vagues, le jeune homme désigne une tache rouge. La couleur de la résine qu’il a utilisée pour coller une balise Argos sur la carapace de Solange, une tortue caouanne juvénile (Caretta caretta) qui, en mai, s’était fait prendre au large par un hameçon. Par un palangrier. « La première fois qu’un pêcheur nous a apporté une tortue blessée, c’était en 2006, raconte Mayeul Dalleau, chargé de mission à Kélonia, l’observatoire des tortues marines de la Réunion. Depuis, nous avons passé un accord avec une trentaine de palangriers locaux. Ils nous rapportent les tortues marines qu’ils attrapent accidentellement. » Vingt à trente arrivent ainsi chaque année à Kélonia. Pour la plupart, il s’agit de juvéniles, âgés de 10 à 20 ans.
« Nous les opérons pour retirer l’hameçon, continue Anaïs Payet, soigneuse à Kélonia. Nous les gardons dans des bassins individuels le temps nécessaire à leur rétablissement puis nous les relâchons dans le milieu naturel. »Comme aujourd’hui pour Angélique, 67 kilos, qui patiente au fond de sa bassine pendant que Solange file droit vers le nord.